Il est une fois: Un demi-siècle de prison pour un innocent
Frédérick Lavoie, journaliste et auteur, aime fusionner journalisme et littérature. Laisse-le te raconter un véritable récit à la manière d’un conte. Parfois, la réalité surpasse l'imaginaire!
Il est une fois à notre époque un homme qui a passé 48 ans en prison pour un crime qu’il n’a pas commis.
Cette histoire se déroule aux États-Unis, plus précisément dans l’État de l’Oklahoma. Elle commence il y a un demi-siècle.
Glynn est alors un jeune homme de 21 ans.
Un soir, il participe à une fête avec des amis. Soudain, des policiers débarquent et arrêtent quelques personnes, dont Glynn. Ils les accusent d’avoir commis des vols. Glynn jure n’avoir rien à se reprocher.
Mais à cette époque, la police de l’Oklahoma arrête souvent des jeunes hommes sans aucune preuve, particulièrement ceux de la communauté noire. Et justement, Glynn a la peau noire.
En d’autres mots: ces policiers de l’Oklahoma font preuve de racisme.
Au commissariat, les policiers demandent à Glynn de se placer côte à côte avec d’autres hommes devant une vitre teintée. De l’autre côté de la vitre se trouve une jeune fille gravement blessée durant le vol d’un magasin. Elle doit identifier les deux hommes qui ont participé au vol. Car durant ce crime, une autre jeune fille a été tuée par les cambrioleurs.
Quelques heures plus tard, Glynn apprend qu’il est accusé de meurtre!
Un procès injuste
Pendant son procès, Glynn jure qu’il ne se trouvait même pas en Oklahoma le soir du meurtre. Il était en train de jouer au billard dans l’État de la Louisiane, à 1000 kilomètres de là!!! Des témoins viennent confirmer son explication.
Mais cette preuve ne suffit pas. À la fin du procès, les membres du jury annoncent que selon eux, Glynn est coupable du meurtre. Il est condamné… à la peine de mort!!!
Un changement dans les lois quelques années plus tard fait toutefois en sorte que Glynn échappe à la mort par chaise électrique. Il devra plutôt passer le reste de sa vie en prison…
Garder espoir
Les années passent. Parfois, Glynn perd espoir. Dans ces moments, il se rappelle qu’il est innocent. Cela lui permet de retrouver goût à la vie, même derrière les barreaux. Il se dit qu’un jour, quelqu’un réalisera qu’il est innocent et l’aidera à sortir de là!
Cela prend très très très longtemps, mais le vœu de Glynn finit par être exaucé. Des décennies après sa condamnation, un détective privé retourne dans le dossier du meurtre. Il découvre que les policiers et les responsables du système de justice de l’époque ont caché des informations cruciales durant le procès.
La jeune survivante du vol n’avait jamais identifié clairement Glynn comme l’un des cambrioleurs! Et cette information n’avait jamais été transmise aux membres du jury, pas plus qu’à Glynn et son avocat!
Selon Glynn, les policiers souhaitaient à tout prix résoudre ce crime. Pour eux, que Glynn soit véritablement le tueur était moins important que de trouver un coupable et de s’assurer qu’il soit condamné. Quitte à mentir.
À la lumière de ces révélations, les autorités de l’Oklahoma ont dû libérer Glynn!
Libre!
Pour lui, retrouver la liberté après 48 ans en prison est à la fois formidable et terrifiant.
D’un côté, il est heureux de pouvoir de nouveau observer les choses simples de la vie, comme les changements de saison ou les étoiles dans le ciel.
Il a aussi pu passer son premier Noël avec son fils, ses trois petits-enfants et ses sept arrières-petits enfants! Quel beau moment!
D’un autre côté toutefois, Glynn a maintenant plus de 70 ans. Il ne connaît rien au fonctionnement de la société d’aujourd’hui! Il n’a jamais eu d’emploi et n’a pas d’argent ! Il peut heureusement compter sur des personnes généreuses et solidaires qui lui ont donné des sous pour qu’il puisse prendre le temps de s’adapter au monde extérieur.
Glynn doit aussi faire la paix avec l’injustice qu’il a vécu. Il ressent encore de la colère. Mais il faut apprendre à vivre avec ces sentiments, dit Glynn, «pour empêcher qu’ils vous rongent à l’intérieur».
Car «ce qui a été fait ne peut pas être défait».
Cette histoire est bien vraie. Glynn Simmons a été condamné pour meurtre en 1975 et n’a été libéré qu’à l’été 2023, quand le système de justice a reconnu que son procès avait été injuste. Malheureusement, le cas de Glynn Simmons n’est pas unique. Aux États-Unis, encore aujourd’hui, les personnes noires ont 7 fois plus de chance d’être emprisonnées injustement pour meurtre que les personnes blanches…
D'après les articles de BBC, The Oklahoman, CNN, Associated Press.